Versailles. Piscine, environnement, marché, police municipale… le maire répond.
Situation de la piscine Montbauron, grands projets en cours ou à venir, le maire, François de Mazières, fait le point en cette rentrée 2022.
Le maire de Versailles (Yvelines), François de Mazières.
Par Florie CedolinPublié le 9 Sep 22 78actu
Actu : Où en est la situation avec Vert Marine ? Peut-on espérer une réouverture prochaine de la piscine Montbauron ?
François de Mazières : Oui, nous l’espérons. J’ai engagé trois types d’action : la première c’est le bâton pour se faire entendre de Vert Marine, qui a en quelque sorte pris en otage les utilisateurs de la piscine, ce qui est totalement anormal. J’ai donc demandé à mes services de mettre en demeure la société Vert Marine de remplir ses obligations contractuelles, toute journée de fermeture se traduisant par une pénalité à payer avec la menace au bout d’un mois d’une mise en régie par la ville de Versailles – c’est-à-dire, c’est la ville qui gérerait directement la piscine, mais aux frais de Vert Marine.
La seconde, car nous ne souhaitons pas le dépôt de bilan de cette société, ce qui ne ferait que repousser le problème, c’est une sensibilisation des ministères concernés sur le risque de faillite réelle de cette société qui achète son électricité à un prix qui a littéralement explosé. Le mécanisme de fixation du prix de l’électricité au coût marginal, c’est-à-dire au coût de production de la dernière unité de production mise en œuvre pour répondre à la demande de consommation électrique en Europe (pour schématiser, l’électricité produite par une centrale fonctionnant au gaz en Allemagne) est intenable et très défavorable à la France, où le coût de production moyen de l’électricité est beaucoup plus bas grâce à l’énergie nucléaire.
La troisième, celle qui va nous permettre de rouvrir notre piscine dans les tous prochains jours, c’est la négociation que nous avons menée avec Vert Marine : la Ville va acheter le gaz et l’électricité nécessaires à la piscine via les contrats qu’elle a conclus avec ses deux syndicats fournisseurs de gaz et d’électricité pour les revendre au même montant à Vert Marine. Comme nous avions eu la sagesse de négocier jusqu’à la fin de l’année avec nos syndicats des prix beaucoup plus bas, à la différence de Vert Marine qui se fournit au jour le jour sur le marché, cette proposition permet à Vert Marine de rétablir ses comptes pour l’exploitation de la piscine Montbauron.
Pouvez-vous faire le point sur les différents grands projets en cours : ancienne Poste, rénovation du cinéma Cyrano, futur quartier de Gally ?
FM : Le projet du futur quartier de Gally suit son cours. Le chantier de l’hôtel a démarré pour qu’il soit achevé pour les Jeux olympiques, la commercialisation des logements par Icade a commencé avant l’été.
Pour le cinéma Cyrano, le permis est purgé. Nous attendons de savoir à quel moment UGC lancera les travaux. Mais la conjoncture pour les cinémas est compliquée.
Dans l’ancienne Poste, les travaux vont commencer dans quelques semaines. Sauf impondérable, lié à une nouvelle crise du secteur du bâtiment, celui-ci sera également en état de fonctionner pour les Jeux olympiques. Il est toujours prévu un restaurant au rez-de-chaussée, un lieu d’exposition avec la vocation d’être ouvert sur la ville. Il y aura aussi un espace de coworking et le lieu accueillera le club de bridge. L’important club de bridge était auparavant installé aux Mortemets dans un bâtiment relevant de l’Etablissement public du château de Versailles, mais affecté à la ville. Ce bâtiment est désormais affecté à l’accueil de personnes en difficulté. La ville ne disposant pas d’autres lieux, avait temporairement relogé le club dans la salle d’exposition des Archives municipales dans la Grande Ecurie, où depuis plusieurs années, la ville loue des espaces. Mais le château a souhaité récupérer cette salle. Le stockage des archives municipales et une salle de consultation demeurent toutefois dans les combles des grandes écuries.
La Ville a voté l’achat de nouveaux locaux pour la police municipale. Quand seront-ils disponibles ? Vous aviez aussi lancé un recrutement d’agents, avez-vous des effectifs complets désormais ?
FM : Nous avons acheté un bâtiment rue des Chantiers. C’est une opération budgétairement neutre pour la ville, puisque nous allons vendre les locaux impasse Pilâtre-de-Rozier. Les nouveaux locaux des Chantiers seront plus grands et plus commodes pour la police municipale, disposant notamment d’une capacité de stationnement pour les véhicules de police. C’est une opération qui va prendre un peu de temps, l’installation définitive du service étant prévu en 2024. Pour les effectifs de police, nous avons pu effectuer récemment de nouveaux recrutements et nous sommes proches désormais de notre effectif complet.
Début des travaux place du Marché Notre-Dame à l’été 2023
Place du Marché Notre-Dame, il y a eu cet été des travaux de réseaux avant de plus gros travaux de rénovation. Quand auront-ils lieu ? Le marché sera-t-il maintenu durant la période des travaux ?
FM : Le marché Notre-Dame, c’est le cœur de ville. Des chutes de matériaux sur les murs des bâtiments nous ont alerté sur le vieillissement accéléré de ceux-ci et le revêtement des quatre carrés est malheureusement très dégradé. Les travaux commenceront à l’été 2023. Il y aura une période pendant laquelle le marché devra être relocalisé dans l’immédiate proximité des halles. Nous réfléchissons avec Marie Boëlle et les services à l’installation temporaire qui impactera le moins possible les habitudes et conservera son caractère convivial. Nous bénéficions de la connaissance des grands travaux de rénovation qui avaient été menés, il y a une quarantaine d’années.
Rue des États-Généraux, vous avez un projet de végétalisation. Quand verra-t-il le jour ?
FM : Nous allons en effet planter 52 arbres, refaire une piste cyclable protégée. C’est un projet sur lequel nous avons travaillé en étroite concertation avec le conseil de quartier, très investi sur ce dossier. Au-delà de ce seul important chantier, nous avons, comme vous le savez, un plan arbre très volontariste. Nous allons ainsi planter 4 000 arbres dans le nouveau quartier de Gally, et avons récemment réaménagé les carrés Saint-Louis. A noter également, la rénovation très réussie de la cour de l’école Pierre Corneille, par les services des espaces verts de la ville.
Futures élections législatives : le maire réaffirme le caractère pluraliste de sa liste et ne donne pas de consigne de vote.
Suite à la nomination de Jean-Noël Barrot (MoDem – Majorité présidentielle), député de la 2e circonscription des Yvelines, en tant que ministre des Télécommunications, c ‘est sa suppléante Anne Grignon qui était devenue députée début août. Mais un recours avait été déposé, invoquant un article du code électoral. Anne Grignon ne pouvait pas être suppléante de Jean-Noël Barrot car elle l’était déjà du sénateur Martin Lévrier. Devant la certitude que le recours allait être validé par le conseil constitutionnel, Anne Grignon a préféré démissionner. De nouvelles élections vont donc avoir lieu les 2 et 9 octobre. Jean-Noël Barrot sera de nouveau candidat, de même que le maire de Vélizy, Pascal Thévenot (LR), également vice-président de Versailles Grand Parc.
« Depuis que je suis maire, mon équipe a toujours été pluraliste, de tendance de droite et du centre, souligne François de Mazières. Dans notre équipe, il y a ainsi des élus LR, des élus en Marche et de nombreux non-inscrits. Cette composition permet une assez bonne représentation de notre ville. Je suis moi-même, divers droite (DVD), non encarté dans un parti depuis que je suis maire. Je suis en effet attaché à ce que nous différencions bien les enjeux nationaux et locaux. J’ai d’ailleurs choisi de ne plus être député au moment de la loi interdisant le cumul des mandats, pour me consacrer pleinement à la ville et à VGP. Ma priorité est et sera toujours la gestion de cette ville et de VGP de la meilleure manière possible, en évitant d’inutiles tensions et en travaillant du mieux possible avec nos différents interlocuteurs institutionnels. Je ne prendrai pas partie dans ce nouveau scrutin. »
Les principales lignes de bus en électrique ?
Avez-vous d’autres projets pour accentuer l’écologie à Versailles ?
FM : En tant que président de Versailles Grand Parc, ma priorité, que je partage avec mes collègues maires, c’est l’électrification des lignes de bus. Ce serait un changement formidable pour Versailles, traversée par toutes les lignes, mais aussi pour les villes voisines de Versailles, en termes de pollution et de bruits. Comme vous le savez les bus sont une compétence partagée entre Versailles Grand Parc et le STIF, le service des transports de la Région Île-de-France, principal financeur de ces équipements très coûteux. Valérie Pécresse, la présidente de Région s’est beaucoup mobilisée pour la modernisation des réseaux de transport. Elle a donné son accord et son appui à l’électrification des lignes fortes de VGP, à très fort débit, qui traversent nos villes.
Le STIF a donc fait une proposition d’équipement du dépôt des Mortemets et d’achat des bus correspondants afin que nos lignes fortes deviennent des lignes à bus électriques, comme c’est déjà le cas pour les lignes de Vélizy. Pour permettre ce basculement, le seul blocage vient de la nécessité de passer le dépôt des bus sur la plaine des Mortemets à l’énergie électrique et non comme aujourd’hui uniquement au gasoil.
J’ai proposé au STIF de mettre à profit la récente installation d’un puissant un poste électrique aux Matelots pour le dépôt du Tram 12, qui dispose encore d’une capacité excédentaire. Il n’y a, pour dire les choses simplement, qu’à tirer un câble sur une distance assez courte et à réaliser des aménagements relativement simples, pour permettre le branchement des nouveaux bus. La Région a fait une proposition au château en ce sens, ce dernier étant l’affectataire des terrains où se trouve le dépôt.
La Région ne veut toutefois pas s’engager à acheter des bus sans avoir la garantie de pouvoir utiliser ce site pour une période au minimum de 5 ans pour amortir ces coûts d’installation. Si ce dossier trouve une réponse rapidement, le STIF pourra mettre en œuvre l’électrification des lignes fortes pour les Jeux olympiques. Ce serait excellent pour cet événement qui doit être exemplaire sur le plan environnemental, mais surtout un gros apport pour la population et sa santé. L’été que nous avons passé nous prouve qu’il faut bouger rapidement sur ces sujets.
Nous menons également une réflexion sur les bâtiments communaux pour mieux les isoler et améliorer leurs bilans énergétiques. Nous avons malheureusement beaucoup de bâtiments anciens, dans une ville de plus historique qui nécessite de respecter des bâtiments de qualité. Les coûts de rénovation seront très élevés et nous travaillons à définir un plan de priorité et de financement. Vous avez pu remarquer que nous ne sommes pas restés les bras croisés et qu’avec notre office communal de logements sociaux, présidé par Michel Bancal, mon adjoint au logement, un plan très important de rénovation thermique a été conduit : plus de 1000 logements en ont bénéficié à Bernard de Jussieu, ainsi que la résidence Sans-soucis. Baisser la température pour faire des économies d’énergie est également un sujet d’actualité, comme les médias nous en parlent tous les jours. Là aussi, les services de la ville y travaillent.
Nous accélérons aussi le passage en led de l’éclairage public, installons des détecteurs de présence dans les bâtiments communaux pour l’éclairage.
« Nous faisons très attention à la gestion de la ville »
Du côté des finances, entre la crise énergétique, les baisses de dotation de l’État, les pertes de recettes du parking de la place d’Armes, où en est la ville ? Allez-vous devoir vous résoudre à augmenter les impôts, ce que vous n’avez pas fait depuis 11 ans ?
FM : Je ne vous cacherai pas que le moment est très difficile sur le plan budgétaire, avec toutes ces hausses qui se doublent malheureusement de la baisse des dotations que nous recevons de l’Etat. La péréquation (redistribution des communes dites les plus riches vers les communes dites les plus pauvres), coûte ainsi à notre ville, 4 millions d’euros par an, la loi SRU 1,2 million, même si la préfecture est attentive à notre situation. A ceci, s’est rajoutée, depuis octobre dernier, la perte des 2,5 millions des recettes du parking de la place d’armes qui sont désormais perçues par le Château. Heureusement, nous bénéficions encore des acquis de notre gestion des années précédentes qui a été particulièrement vigilante, sans augmentation d’impôts depuis onze ans. Cette année encore nous n’augmenterons pas les impôts et la volonté de notre équipe reste de ne pas rajouter aux difficultés de nos concitoyens, mais on ne pourra pas tout faire, c’est certain.