Biennale d’architecture et de paysage – Bap 2019
Bap : Biennale d’architecture et de paysage. Versailles 1re édition du 4 mai au 13 juillet 2019.
Entretien avec François de Mazières, commissaire général de la Bap, maire de Versailles et ancien président de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.
Il existe déjà de nombreuses biennales d’architecture. En quoi la Bap est-elle différente ?
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une Biennale d’architecture et de paysage qui associe étroitement ces deux thématiques trop souvent envisagées séparément. Or le défi des urbanistes du XXIe siècle est justement de proposer une vision globale, holistique, qui prenne en compte les grands sujets mis en lumière par la COP : le réchauffement climatique, la pollution, l’urbanisation galopante, le manque de terres cultivables… La première ambition de la Bap est donc de montrer qu’architectes et paysagistes, mais aussi penseurs, artistes, entrepreneurs, élus et bien sûr citoyens ne peuvent plus agir séparément, chacun de leur côté. Cette biennale veut créer un dialogue, une dynamique fertile afin de protéger les terres cultivables et de promouvoir une cité à visage humain. La Bap ne se déroule pas à Versailles par hasard. Lorsque Louis XIV a créé ex-nihilo ou presque sa « ville nouvelle », le souverain avait sans doute souhaité que soit apportée une réponse à ce défi plus que jamais d’actualité : inventer un mariage harmonieux entre nature et architecture. Aux créateurs du XXIe siècle, maintenant, de repenser nos modèles de développement urbain, mais cette fois à l’échelle de toute l’Île-de-France et non plus d’une seule ville.
Concrètement, comment avez-vous conçu ce dialogue ?
Dans son esprit, la Bap ressemble à un arbre. Ce sera l’emblème de cette biennale dont l’artiste plasticienne Eva Jospin, proposera une interprétation sous la forme d’une œuvre pérenne, installée dans le jardin de l’Hôtel de la Chancellerie. Le tronc, ce sera cette envie commune à tous les acteurs que je viens de citer – à commencer par les commissaires de la biennale, bien sûr – de dessiner une vision d’avenir et de la traduire par un projet de ville durable, solidaire, fonctionnelle, esthétique.
Une ville qui génèrerait de l’intégration plutôt que de l’exclusion. Les branches de cet arbre sont les multiples manifestations thématiques qui se dérouleront durant deux mois à Versailles, dans plusieurs lieux très forts et complémentaires. Au château d’abord, à travers une exposition sur les projets qui durant trois siècles ont ambitionné de transformer ce monument emblématique, mais sans jamais aboutir. L’occasion de découvrir le palais tel qu’il aurait pu être, de faire le lien entre passé et présent. De tracer aussi des parallèles sur les rapports complexes entre maître d’œuvre et maître d’ouvrage. Le grand architecte chinois Wang Shu explique qu’on ne construit jamais à partir d’une feuille blanche. Il a raison. On ne pourra pas se contenter demain de penser une ville ultra moderne et ultra connectée sans chercher à l’humaniser, par exemple en choisissant des matériaux incarnant cette continuité entre passé et présent.
Quels sont les autres sites forts de cette biennale ?
Deux hauts lieux de transmission, puisque la ville que nous sommes en train de construire est aussi celle que nous lèguerons aux générations futures. A la Petite Écurie du château, où se situe l’École nationale supérieure d’architecture, des équipes d’Île-de-France et de plusieurs pays étrangers échangeront avec le public et les étudiants sur les nouvelles pratiques architecturales. J’ai souhaité que le visiteur commence par une expérience très forte, celle de la découverte de la Galerie des Sculptures et des Moulages. Ce lieu magnifique et inconnu, qui sera pour la première fois ouvert au public, abrite deux trésors : la collection des moulages de l’ancienne École des Beaux-Arts de Paris et celle des sculptures les plus précieuses du château de Versailles, qui toutes deux nous interrogent sur la notion de permanence et d’évolution dans l’art. Après cette première immersion, le public déambulera, toujours dans la superbe écurie de Mansart, au cœur d’un véritable laboratoire d’idées montrant comment toute une profession est en train de s’adapter aux défis de notre modernité. Là encore, ce lieu illustrera la richesse du dialogue entre passé et présent. Troisième site pédagogique et emblématique : le Potager du roi, où se trouve l’École nationale de paysage. Là sera posée cette question cruciale : comment nourrir la ville en la mariant plutôt qu’en l’opposant à son environnement naturel. Enfin, la quatrième grande exposition se situera dans l’ancienne Poste centrale de Versailles (3 avenue de Paris). Un lieu en transition idéal pour évoquer l’immense chantier du métro du Grand Paris. Dans ce vaste et lumineux espace seront révélés les plans et maquettes des 68 nouvelles gares. On y découvrira aussi des zooms sur plusieurs grands chantiers connexes : celui des prochains Jeux Olympiques, celui du pôle scientifique de Saclay et celui des nouveaux quartiers créés autour des gares. Chacune de ces quatre expositions fera bien sûr la part belle au jeune public. Ce sera à la fois très concret, très positif et très festif, car de nombreux autres événements auront lieu dans toute la ville.
Par exemple ?
Echappées belles proposera une promenade dans Versailles, où deux expositions photo sur les villes résilientes en Île-de- France et dans le monde montreront que les solutions existent déjà. À la chapelle Richaud, une autre exposition expliquera en quoi Versailles – pionnière du zéro-phyto – relève à son échelle ces défis architecturaux, écologiques et paysagers. La Bap doit s’adresser à tous car la ville de demain ne s’inventera pas sans ceux qui l’habitent. Pour cela, il faut de l’envie, du rêve, de l’enthousiasme, de la beauté, du partage, et ils seront au rendez-vous. Avec Esprit jardin – une manifestation horticole très populaire qui se déroule chaque année, au début du mois de mai, dans le quartier Saint-Louis – et les expositions en plein air, les rues de Versailles vont se métamorphoser en un jardin extraordinaire sollicitant tous nos sens. Au Potager du roi, chacun pourra, par exemple, déguster les fruits et les produits de la terre. Toutes sortes de rencontres, de débats, d’ateliers et d’inaugurations auront lieu un peu partout à Versailles et en Île-de-France. La Bap sera aussi une fête.
Vous portez ce combat depuis plus de quinze ans. Pourquoi ?
Dans les années 1980, j’ai commencé ma carrière comme sous-préfet à Moulins, dans l’Allier. Déjà à cette époque, la désertification de la France rurale et le développement urbain disgracieux, mal maîtrisé, m’avaient choqué. Lorsqu’ ensuite j’ai dirigé la Fondation du Patrimoine, j’ai réalisé que si ma génération a eu la chance d’hériter d’un patrimoine d’une très grande richesse, l’architecture et les paysages que nous lèguerons à nos enfants risquent, en comparaison, de leur sembler bien pauvres et stéréotypés. Face à la rapidité inouïe de l’urbanisation, la ville idéale telle que Le Corbusier l’avait imaginée au XXe siècle, avec la quasi disparition de la rue, est un échec. Il fallait donc tout remettre à plat.
C’est pour cela qu’à la tête de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, dans les années 2000, vous avez programmé trois expositions sur le thème de la ville durable et écologique ?
Oui. À l’époque, la Cop 21 n’avait pas encore eu lieu et il s’agissait de sensibiliser à ces enjeux cruciaux encore trop peu intégrés par les Français, mais aussi par une partie des professionnels. La Cité a donc accueilli un concours international d’architectes sur le Grand Paris qui était en train de naître, puis deux expositions : Habiter écologique, en 2009, et La ville fertile, en 2011. Pas loin de dix ans plus tard, la prise de conscience est là, mais il s’agit maintenant de mobiliser pour entrer dans la réalisation concrète. C’est le rôle de cette Biennale. À sa manière elle s’inscrit dans la continuité du baron Haussmann qui, au milieu du XIXe siècle, a dû relever des défis assez semblables aux nôtres. Il lui fallait, comme aujourd’hui, répondre à la pression immobilière dans l’une des capitales les plus denses du monde tout en rendant cette ville fonctionnelle, hygiénique, équilibrée et agréable à vivre. Paris a été à cette époque un formidable lieu d’expérimentation et a rayonné dans le monde entier. Aujourd’hui le terrain de jeu s’est élargi à la région Île-de-France qui redevient, presque deux siècles après, l’un des grands laboratoires de l’invention en matière d’urbanisme. Avec la réalisation du Grand Paris, la naissance de nouvelles gares, l’arrivée des JO, le quasi consensus (du moins en France) pour répondre aux défis posés par la Cop 21, les opportunités sont immenses. On n’a plus le droit de les gâcher. À l’initiative de la région Île-de-France et avec le concours du château de Versailles, du Louvre et de la ville de Versailles, la Bap apporte sa pierre à l’édifice commun.
François de Mazières
Commissaire général, Maire de Versailles
La Société du Grand Paris bat pavillon à la Biennale d’architecture et de paysage
Du 4 mai au 13 juillet 2019 à Versailles, le pavillon « Horizon 2030 » exposera l’ambition et les projets du Grand Paris Express en matière d’architecture, de paysage, de design, de culture et d’urbanisme. Pour la première fois, le public pourra découvrir les maquettes et perspectives présentant les 68 gares du nouveau métro.
Situé à proximité du château de Versailles, dans la friche du bâtiment de l’ancienne poste centrale, le pavillon « Horizon 2030 », vaste de plus de 1200 m², rendra compte de la vision urbaine développée par ses concepteurs (architectes, designers, paysagistes, urbanistes, etc.). En mettant l’accent sur les liens qui unissent mobilité, architecture, vie urbaine et paysage, tout en partant de la réalité concrète des chantiers, le pavillon cherchera à apporter un regard à la fois concret et prospectif sur le thème retenu pour cette première biennale « L’homme, la nature et la ville ».
Le commissariat du Pavillon, pluridisciplinaire à l’image du Grand Paris Express, est assurée par le « Groupe 2030 » composé de Ruedi Baur (designer), Frédéric Chartier et Pascal Dalix (architectes), José-Manuel Gonçalvès (directeur artistique), Jean-Christophe Nani (paysagiste), Arnaud Passalaqua (historien), Pierre Alain Trévelo (architecte et urbaniste) et Corinne Vezzoni (architecte). La réalisation du pavillon est conduite sous la direction artistique et culturelle de José-Manuel Gonçalvès.
En accès libre pendant toute la durée de la Biennale, le pavillon « Horizon 2030 » exposera plusieurs créations inédites, des immersions numériques, ainsi que de très nombreux projets d’architectes. Pour davantage d’information, rendez-vous sur l’agenda ici.
INFORMATIONS PRATIQUES
Adresse du pavillon « Horizon 2030 » :
Ancienne Poste
3, avenue de Paris 78000 Versailles
Accès : RER C, gare de Versailles Château rive gauche
Dates et horaires :
Du samedi 4 mai 2019 au samedi 13 juillet 2019
Ouvert tous les jours sauf le lundi.
– en semaine de 12h00 à 19h00
– le week-end de 11h00 à 19h00
Entrée libre et gratuite
RENDEZ-VOUS RÉGULIERS
Ateliers scolaires et jeunesses :
Classes : tous les mardis et jeudis de 14h00 à 16h00
Centre de loisirs : tous les mercredis de 14h00 à 16h00
Accueil familles : tous les samedis de 14h00 à 16h00
Conférences et débats :
« Les apéros archi-bio du Grand Paris Express », chaque samedi (du 11 mai au 6 juillet) de 17h00 à 18h30
Article de la revue « Toutes les nouvelles de Versailles, … » du 08/05/2019 :
Photographies prises le 11/05/2019 (cf document ci-dessous) :
bap_horizon2030_110519.pdf
Affiche Bap :
Entrée Horizon 2030 (ancienne poste) :
Escalier éphémère (avenue de Saint Cloud) :
Vue du haut de l’escalier éphémère :
Bilan de cette édition :